Il n'est pas coutumier que je poste ces choses-là sur mon blog. Mais après tout, pourquoi pas ? *traduction : la catégorie n'existe pas sur fanfiction.net*
Petit texte sans prétention, sur mon personnage préféré de cette série d'ouvrages parus chez Harlequin, dans la collection Luna. Attention, spoils du tome quatre. Les premiers mots, jusqu'à "Aussi longtemps que tu seras en sécurité", ne sont pas de moi, mais à madame Gillman. Le reste est issu de mon imagination, puisque, hélas, je n'ai pas encore pu lire le tome 5.
Un blues jouait en sourdine sur la chaîne stéréo. Sergueï Didier était installé sur son canapé, les pieds nus et le col de chemise entrouvert. Un verre de vin était posé sur la table basse, après d'un carré en tissu sur lequel était rangée, avec une précision chirurgicale, une série de pièces métalliques.
Il acheva de nettoyer le canon, puis le posa soigneusement sur le tissu. Elle pouvait penser ce qu'elle voulait de lui. Ils pouvaient le considérer comme un traître – Dieu sait qu'il en avait déjà l'habitude, avec le Silence. Mais les flammes qui avaient embrasé le pont, le mois dernier, étaient bel et bien un présage. Un sombre présage. Le Voyant de Jimmy ne s'était pas trompé.
Je survivrai à tout, lui lança-t-il silencieusement. Aussi longtemps que tu seras en sécurité.
Ce fut la seule pensée qu'il se permit à propos de Wren, ne s'attardant pas sur le manque d'elle qui s'ancrait en lui. Il savait que ce manque était en partie dû à sa dépendance à son Courant.
Il avait pris une décision et comptait bien s'y tenir. Les événements s'étaient enchaînés avec une rapidité qui aurait pu le dépasser, s'il n'avait pas été ce qu'il était : un homme d'affaires impassible, intéressé, un ancien du Silence.
Un ancien, vraiment ?
Sergueï détestait la petite voix qui montait en lui, empreinte d'ironie, ressemblant trop à celle de Poul. Il reporta son regard sur son verre, se détachant de l'arme à feu qui semblait l'appeler, le supplier violence, pour ne pas se souvenir du regard désapprobateur de son ancienne partenaire quand, autrefois, elle le voyait risquer sa vie pour elle.
Il avait pensé à la suite, des millions de fois. Il avait planifié, interprété et donné au sombre présage plus qu'une interprétation. Pour un Ignorant, il était bien plus au fait de la vérité du Courant, de la Cosa et des Fatae que quiconque.
Un mouvement attira son regard, il ne pivota pas la nuque, observant de biais la couleur sombre du pantalon qui était au bord de son champ de vision. Il ne l'avait pas entendu arriver. Comme souvent. André était le seul – avec Wren – à pouvoir le surprendre.
Ne pense pas à elle, se serina-t-il avec lassitude.
— Tu es prêt ?
La voix neutre de son mentor tomba dans un silence, le disque de blues cliquetant dans la chaîne stéréo, signalant un changement de piste.
Non, il n'était pas prêt. Il n'avait jamais été prêt à prendre parti dans ce conflit. Le Silence contre la Cosa Nostradamus. André contre Wren. Lui contre Wren. Penser à elle était douloureux. Comme toujours. Malgré les semaines, il n'arrivait pas à détacher ses pensées de sa partenaire. Il maudit la Vieille Sally d'avoir finalement trouvé Valère pour lui apporter ce présage horrible, il regretta d'avoir conservé le cheval dans sa galerie, revendue depuis, dans un déchirement de cœur.
Son amante s'était si souvent enracinée en lui qu'encore à présent, il sentait sa présence au fond de son corps ravagé par le Courant si pur de Wren. S'il se laissait aller, il pouvait même ressentir son trouble et sa présence à Manhattan ; elle ne semblait pas s'apercevoir que le lien entre eux était encore si puissant. O.P. s'occupait d'elle et Sergueï se promit de remercier le démon, avant de se souvenir. C'était vrai. À présent, ils étaient ennemis.
Il se leva, empocha l'arme, qu'il rangea dans son holster sans se soucier du regard de son mentor qui scrutait le moindre de ses gestes, guettant une faiblesse, un tremblement. Mais André oubliait qu'il avait formé Sergueï à la perfection. Dissimuler ses émotions, son trouble, gommer le langage du corps, être impénétrable. Il remit une veste bien plus chaude, se demandant si cette veste, encore imprégnée de l'odeur de Wren, lui permettrait de réchapper au Courant, si jamais ils croisaient des Talents de la Cosa ou un rescapé du Quad. S'approchant de la chaîne stéréo, il coupa la musique, vérifia que tout était en ordre puis il suivit André jusqu'à la porte qui claqua presque trop fort, alors qu'il se glissait dans la peau d'un raciste haïssant les Fataes, les Talents. Lui qui aimait passionnément Wren et respectait O.P. plus qu'il respectait Duncan.
Sergueï Kassianovitch était de retour au Silence. Et il le promettait, un jour ou l'autre, ça allait faire du bruit.