J’ai appelé la Mort pour qu’elle vienne me chercher
Je lui ai dit : « Viens ! Viens ! Emmène-moi
Ne me laisse pas seule ici
Pas aujourd’hui
Pas cette fois »
Je lui ai dit :
« Viens étreins-moi
Ne me laisse pas seule ici
Je ne le mérite pas. »
Et la Dame Noire aux dents crochues
Ses épaules secouées d’un fou rire m’a répondu
Que je devais mourir d’amour, un amour froid
Un amour cruel, unique, sans foi ni loi.
J’ai rétorqué : « Alors viens !
C’est pour toujours mon cas
Je sais qu’il me baisera et m’abandonnera.
S’il te plaît, tends-moi la main
S’il te plaît, sauve-moi.
Tu es mon seul espoir, ouvre donc tes bras »
« Tu n’es qu’une gamine dont le destin est funèbre.
Sans avoir vécu tu veux me suivre dans les ténèbres ?
Sais-tu combien voudraient avoir ta chance de vivre encore ?
Sais-tu combien maudissent mon nom trop sombre, la Mort ? »
« Ne me culpabilise pas
Cela ne sert à rien.
Je ne crois plus en moi
Je veux être quelqu’un de bien
La vie ne mérite pas qu’on se batte pour elle
Je veux juste voler sans me brûler les ailes. »
« La vie, ma jumelle dont on me prétend ennemie,
A des côtés hideux, mais d’autres sont jolis »
« Lesquels ? Je ne vois que l’appât du gain,
Le mensonge et la guerre
De la folie, ils n’ont pas un grain
Mais la plage toute entière »
« Il y a les causes justes, les bons sentiments,
Il y a l’espoir d’une vie sans tourment !
Il y a l’amitié, la famille et l’amour
Il y a aussi la chance de rire tous les jours ! »
« A tout ça, j’oppose la jalousie, la rancœur,
La famine, mes insomnies, et beaucoup trop de menteurs
La haine, le désir de vengeance, le racisme de toute sorte.
Quand j’vois ça, j’me dis « vaut mieux qu’j’sois morte » »
« Tu es beaucoup trop jeune pour pleinement l’apprécier
Mais de la vie essaie de voir les bons côtés.
Penses-tu que personne ne pleurera
Si je t’obéis et t’ouvre mes bras ? »
« Il y aura quelques personnes qui n’ont su me voir
Mais pas cet amour, mon plus grand désespoir »
« Et tes parents qui veulent t’annoncer
Que t’auras une sœur à la fin de l’année
Il y aura cette amie pour qui t’es un modèle
Qui se sentira trahie par la coupe de tes ailes
Il y aura ce garçon dont t’es le seul repère
Pour qui tu es la mère, le père, les frères
Tu lui as tendu la main quand il était perdu
Tu le regardes fièrement tandis qu’il évolue !
Sans toi, leur vie ne sera plus la même
Tu n’as pas le droit de faire souffrir ceux qui t’aiment ! »
« Mais ils souffrent déjà de me voir dépérir
Mais ils ont déjà mal de ne plus me voir sourire ! »
« Pense que le gris est bleu acier
Et que le noir n’est que le soir.
Vis ! Je reviendrais te chercher
Quand tes enfants auront grandi
Et que tu seras âgée ! »
Puis elle est partie sans même se retourner.
Quand j’ai voulu la suivre
La Mort m’a dit de vivre
Je veux bien essayer.
Que de souvenirs… Ces vers m'ont sortis toute seule de la profonde déprime dans laquelle je sombrais petit à petit…