Ça fait huit ans que vous êtes mort. Une crise cardiaque. Quand mon père a eu sa propre crise cardiaque, quand on a découvert qu'il y avait un battement de coeur irrégulier chez mon copain, j'ai pensé que tous les hommes que j'aimais étaient condamnés à avoir des problèmes cardiaques.
Ça fait huit ans. Le temps passe vite. Je n'ai toujours ni licence, ni master et l'idée d'un doctorat est loin derrière moi. Mais je pense encore à vous. Je me demande ce que vous diriez si vous saviez que j'ai finalement plaqué toutes mes études. J'ai essayé la fac d'économie et vous aviez raison, c'était super. Je me suis rarement autant éclatée dans mes études. Sauf que j'ai pas pu les continuer, concours de circonstances, je me suis retrouvée interdite d'examen, j'ai dû me trouver un job et finalement, je suis restée dans ce job. L'essentiel, c'est que vous ayez eu raison. Comme tant de fois.
Vous ne me manquez plus, mais mes yeux continuent de s'étoiler de larmes quand je pense un peu trop à vous comme ce soir.
De fil en aiguille, quand je pense à vous, je finis par penser à Matthieu. Je crois qu'en fait, j'attends toujours de poser un vrai point final. Je l'ai croisé une ou deux fois en ville. Je ne sais pas s'il m'a reconnue. Je n'ai pas osé aller le voir. Qu'importe.
Je pense que je ne me remettrai jamais vraiment de votre mort. C'est cruel, mais c'est ainsi. Chaque année, en avril, j'aurai une pensée pour vous, des larmes dans les yeux et des souvenirs que j'évite d'user pour ne pas qu'ils s'estompent.
J'avais pas écrit sur mon blog depuis très longtemps, aussi c'est un peu morbide de reprendre en fêtant cet anniversaire.
Sérieusement, qui continuerait à pleurer la mort d'un simple professeur de SES après huit ans ? Je vous aimais. Je vous aimais et ce passé est finalement complètement vain, puisque même si vous êtes mort et enterré depuis huit ans, je continue d'entretenir et de chérir votre souvenir. On peut dire que je vous aime encore.
Parfois, quand je n'ai pas du tout envie de me lever le matin, c'est votre souvenir qui me fait me lever. J'imagine le regard auquel j'aurais eu le droit, très semblable à cette fois où vous m'aviez collée quatre heures pour me forcer à faire un DM – que j'avais fait en une heure. C'était un regard plein de reproches, plein de confiance, un regard entre chien et loup qui disait tout et son contraire et qui respirait la chaleur.
Je retire ce que j'ai dit plus haut : vous me manquez toujours.