Mardi 5 avril 2016 à 0:13

 
 [Huit ans]


Cette année, ça fait huit ans que vous êtes mort. Certains me disent qu'il serait temps de passer à autre chose mais peu importe les mois qui passent, je ne peux m'empêcher d'avoir une petite pensée pour vous.
Ça fait huit ans que vous êtes mort. Une crise cardiaque. Quand mon père a eu sa propre crise cardiaque, quand on a découvert qu'il y avait un battement de coeur irrégulier chez mon copain, j'ai pensé que tous les hommes que j'aimais étaient condamnés à avoir des problèmes cardiaques.

Ça fait huit ans. Le temps passe vite. Je n'ai toujours ni licence, ni master et l'idée d'un doctorat est loin derrière moi. Mais je pense encore à vous. Je me demande ce que vous diriez si vous saviez que j'ai finalement plaqué toutes mes études. J'ai essayé la fac d'économie et vous aviez raison, c'était super. Je me suis rarement autant éclatée dans mes études. Sauf que j'ai pas pu les continuer, concours de circonstances, je me suis retrouvée interdite d'examen, j'ai dû me trouver un job et finalement, je suis restée dans ce job. L'essentiel, c'est que vous ayez eu raison. Comme tant de fois.

Vous ne me manquez plus, mais mes yeux continuent de s'étoiler de larmes quand je pense un peu trop à vous comme ce soir.

De fil en aiguille, quand je pense à vous, je finis par penser à Matthieu. Je crois qu'en fait, j'attends toujours de poser un vrai point final. Je l'ai croisé une ou deux fois en ville. Je ne sais pas s'il m'a reconnue. Je n'ai pas osé aller le voir. Qu'importe.

Je pense que je ne me remettrai jamais vraiment de votre mort. C'est cruel, mais c'est ainsi. Chaque année, en avril, j'aurai une pensée pour vous, des larmes dans les yeux et des souvenirs que j'évite d'user pour ne pas qu'ils s'estompent.

J'avais pas écrit sur mon blog depuis très longtemps, aussi c'est un peu morbide de reprendre en fêtant cet anniversaire.

Sérieusement, qui continuerait à pleurer la mort d'un simple professeur de SES après huit ans ? Je vous aimais. Je vous aimais et ce passé est finalement complètement vain, puisque même si vous êtes mort et enterré depuis huit ans, je continue d'entretenir et de chérir votre souvenir. On peut dire que je vous aime encore.

Parfois, quand je n'ai pas du tout envie de me lever le matin, c'est votre souvenir qui me fait me lever. J'imagine le regard auquel j'aurais eu le droit, très semblable à cette fois où vous m'aviez collée quatre heures pour me forcer à faire un DM – que j'avais fait en une heure. C'était un regard plein de reproches, plein de confiance, un regard entre chien et loup qui disait tout et son contraire et qui respirait la chaleur.

Je retire ce que j'ai dit plus haut : vous me manquez toujours.

 
[C'était un professeur, un simple professeur…]

Dimanche 25 mai 2014 à 22:51

 

Le Palindrome

 

Il me faut m’arrêter. Je ne jetterai pas de coup d’œil par-dessus mon épaule. Pas cette fois.

Qu’importent mes études qui boivent la tasse au fond de ma chambre, un amas de papier rose un peu gondolé, preuve que j’aurais au moins essayé.

Qu’importe les années, les mois qui me conduisent gentiment au quart de siècle.

Avant, je regardais par-dessus mon épaule et je matais les chemins que je n’avais pas empruntés, je regrettais de n’avoir pas fait ci, pas dit ça.

Au diable les amitiés qui s’émiettent et s’éfilochent comme un tee-shirt made in China.

Mais cette fois, je ne me retournerai pas. Je ne penserai pas aux occasions manquées, aux tentatives avortées, comme tant de possibles qui ne se dérouleront pas.

Parce que j’ai envie de regarder devant moi, par delà les nuages qui recouvrent un peu mon ciel et ternissent mon horizon.

Je ne ressens pas le besoin de ressasser encore et encore : ce palindrome n’a plus lieu d’être dans ma vie.

Je vais regarder devant nous. Parce qu’on a des projets à court terme (poster ces enveloppes qui trônent sur mon bureau ; tester cette recette de tarte au citron qui fait de l’œil à ce garçon pétillant de magie qui habite chez moi ; ne pas aller voir X-Men au cinéma ; nous inscrire sur les listes électorales de Bordeaux), à moyen terme (prendre ce T3 qui nous fait envie, celui-là, avec le balcon qui donne sur de la verdure ; finalement baragouiner une phrase en russe ; valider une inscription à un concours), à long terme.

J’ai encore tellement de choses à vivre que ce que j’ai jusque là raté n’en est que dérisoire.

Je ne serai pas économiste. Peut-être pas. Qui sait ? Je ne suis pas à l’article de la mort et si je ne le suis pas à 28 ans, comme avec un cursus rectiligne, je peux l’être plus tard. Quand j’aurais 40 ans, personne ne verra la différence avec d’autres.

J’arrête les complexes. Je n’ai pas à rougir de mon passé, de mon chemin et de tous ces ratés qui jalonnent ma vie.

Pourquoi donc irai-je me comparer avec cette fille, là, oui, elle, la première de la classe qui réussit tout ce qu’elle touche ? Je ne suis pas elle. Peut-être que si j’avais eu son passé, j’aurais sa vie. Mais je ne l’ai pas. J’ai fait mes propres expériences et les pas que je fais sur le chemin de mon existence me conduiront quelque part. Je ne sais pas où. Je ne sais pas quand. Je ne sais même pas si ce sera dans une position à la hauteur de mon égo.

J’ai trop perdu de temps à me dire que j’aurais dû faire autre chose.

« Et si mon professeur d’économie n’était pas mort, je serais partie en faculté d’économie bien avant. » Oui, mais je ne l’ai pas fait et le pauvre homme ne reviendra pas. Tourne la page, Temi. Tu l’aimais, oui, alors s’il y a un après-la-mort, rends-le fier. Il n’aurait probablement pas aimé te voir te retourner sans cesse sur un passé révolu. Il croyait en toi et tout ce que tu fais, c’est salir sa mémoire en laissant penser qu’il avait tort.

« Et si j’avais eu une autre enfance, j’aurais pu tout déchirer en classe. » Oui, c’est vrai. Mais tu as eu une mère déserteuse et un père trop jeune parfois dépassé par les événements. C’est ainsi. Le meilleur moyen de faire un pied de nez au destin est d’arrêter de te cacher et de te prendre en main.

« Et si je n’avais pas eu l’impression d’être rejetée par toute ma famille dans cette période si sombre, j’aurais pu éviter cette dépression dont je ressens encore les séquelles. » Oui, mais tu n’aurais jamais eu le goût des mots, ceux qui t’ont sauvée, qui t’ont permis de t’enfuir, et tu n’aurais peut-être pas développé ce que d’aucuns considèrent comme un talent. Ta plume te vient de là, admets-le une bonne fois pour toutes, tires-en ta force et ne laisse plus personne en faire des faiblesses.

« Ouais, mais tous ceux autour de moi réussissent un sans-faute et… » Et quoi ? C’est qui, eux ?

C’est qui, ces gens avec qui tu te compares tout le temps ?

Admire les gens pour ce qu’ils ont accompli, plains-les pour leur difficulté et ne les envie jamais. Tu n’aimerais pas être à leur place. Parce que leur place n’est pas la tienne. 

Aujourd’hui j’ai décidé de virer ce palindrome puant de mon vocabulaire. Je ne vais pas ressasser une minute de plus, parce que ça ne sert strictement à rien.

Par contre, je vais avancer. Justement, ça tombe bien, j’ai une voie qui vient de s’ouvrir juste pour que je m’y engouffre. 

Mardi 21 janvier 2014 à 16:58

 Y a des moments, comme ça, où sur un coup de folie inédit, on se permet d’y croire. Aujourd’hui, j’ai envie d’y croire. Croire qu’en dépit de mes (multiples) lacunes, je peux valider un semestre d’une licence autrement plus ardue que celle que je faisais l’année dernière.

C’est la première fois de ma vie que je travaille autant pour un cursus. Même les trucs chiants à mourir m’intéressent. Alors j’ai envie de croire que le travail que je fournis ne sera pas vain.

J’ai eu un petit coup de blues, en apprenant que mon ami en L1 de droit avait raté son premier semestre. Je me suis dit « Merde, il en a dans la tête, il a bossé comme un fou et il n’a obtenu qu’un échec en retour. Est-ce que tout ceci est finalement voué à n’amener à rien de concret ? » puis je me suis ressaisie. Ce n’est pas la même histoire, que je rejoue de mon côté. J’y crois. Ce n’est pas vain, ce que je fais, parce qu’au fil de mon travail, je m’aperçois les bêtises absolues que j’avais faites dans ma copie de contrôle continu l’année dernière et je me dis « Mais comment ai-je pu être aussi cruche ? ». Si je constate mes erreurs, ça veut dire que je progresse et qu’il n’y a pas de travail perdu.

Valider mon semestre. Mon année. Puis, petit à petit, avancer vers un rêve que je sais tellement beau qu’il ne peut que se réaliser. À cœur vaillant, rien d’impossible et je suis vaillante comme personne. Je veux réussir et je réussirai. Coûte que coûte.

Ce n’est pas facile, ça me demande du temps et du travail, j’ai mal aux mains à force d’écrire, j’ai mal au cerveau à force de réfléchir. Mais c’est pas grave, parce que je crois que ça me plaît. Faire des efforts et réaliser que je peux m’en sortir si je ne baisse pas les bras.

Je peux le faire, n’est-ce pas ? C’est pas à la portée du premier idiot venu, mais je peux le faire.

  

Début des examens : J – 28.

Lundi 30 décembre 2013 à 17:45

 

[D’émeraude et de verre poli]

 

Quand j’ai perdu cet ami qui m’était si précieux à cause de ce nouvel amour qui me traverse et balaye tout dans ma vie, il m’a dit « Tu fais juste un transfert de tes sentiments pour Matthieu. ».

Cette phrase m’a longtemps fait réfléchir, le cafard insidieux du doute. Je n’ai partagé ce sentiment avec personne avant aujourd’hui, parce que j’avais besoin de faire le point et d’être sûre de moi. Et je suis catégorique : il n’y a jamais eu transfert.

Je sais ce qu’est un transfert de sentiment, mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti, pour la simple et bonne raison qu’au début de ma relation avec mon copain, je n’avais pas de sentiment. Je me sentais juste bien avec lui, j’oubliais tout.

Que c’est compliqué tout ça…

Je suis une fille à problèmes. J’ai beaucoup de soucis psychologiques à régler avec moi-même et ma stabilité émotionnelle n’est pas tout à fait avérée. Je suis une angoissée chronique, une boule de nerfs, lunatique, qui peut rester terrée au fond de son lit la mort dans l’âme sans sembler avoir des raisons de le faire. Bref, je ne suis pas un putain de cadeau, contrairement à ce que certains idéalistes fanatiques peuvent s’imaginer de moi.

Matthieu, pour moi, c’était sérieux. Il me fascinait, dans ses mots, ses gestes, ses expressions. Je me délectais du son de sa voix et du battement sourd de mon cœur contre mes tempes quand il était dans les parages. Oui, c’est vrai, j’étais dingue de lui et il était l’Étoile Polaire dans mon ciel nocturne. Et en bonne étoile polaire, il a fait son boulot, il m’a servi de guide. Grâce à lui, j’ai pu trouver une voie qui me convient et qui me donne envie de me battre contre les fourberies du Destin.

Sauf que quand mon copain a fait son apparition dans ma vie, il a éclipsé ma nuit perpétuelle. Il a brillé d’un éclat beaucoup plus chaleureux, comme cette étoile autour de laquelle notre petite planète tourne. C’est un soleil dans mon existence. Il est celui qui a chassé mes cauchemars récurrents juste par sa présence, le seul qui sait me calmer quand je suis tellement nerveuse que je tourne en rond et, bordel de merde, il fait ça juste avec un sourire. Et quand la nuit devient jour, l’Étoile Polaire ne devient plus qu’un vague souvenir. Il n’est plus utile de regarder le ciel pour trouver son chemin parce que j’y vois clair.

Si je regarde dans mon avenir, je me vois avancer à ses côtés, non plus courir pour rattraper quelqu’un est bien trop loin devant. Ça fait tout.

C’est pas un putain de transfert, c’est une avancée. Je ne mentirai pas en disant que je ne pense plus à Matthieu, sauf que je n’y pense plus de la même façon. Je ne le vois plus comme un homme à séduire ou un amant que je n’aurai jamais, mais comme une personne à égaler. Je ne me dis plus « Si seulement il était dans mon lit… » mais « Le jour où j’arriverai à son niveau, je pourrai me considérer comblée. » De l’idéal masculin, il a transité à l’idéal professionnel.

Qu’on pense ce qu’on veut. L’émeraude qui brille à mon doigt ne m’a pas été offerte par hasard. Et si un sourire crétin flotte sur mes lèvres quand je la contemple amoureusement, ce n’est pas uniquement parce que c’est ma première pierre précieuse, mais parce que c’est l’une des premières pierres de l’édifice glorieux que je bâtirai avec celui qui partage ma vie.

Et notre manoir, notre château, sera serti de millions d’éclats d’émeraude et de verre poli, pour que jamais plus le soleil ne se couche, laissant place à cette funeste nuit perpétuelle de laquelle on s’est arrachés à force courage.

Samedi 21 décembre 2013 à 15:00

Cinq ans, c’est long.

Aujourd’hui, je porte le deuil de ma tranquillité. En avril prochain, je fêterai la cinquième année de réflexions déplacées de tous ceux qui n’utilisent pas un ordinateur Apple.

Toujours les mêmes réflexions usantes. « À ce prix-là, tu peux avoir un pc deux fois plus puissant ! », « Mac, y a rien qu’est gratuit », « et en plus, on peut même pas jouer. »

Pour le premier point, ce n’est ni une nouveauté, ni un argument de choc. D’autant plus que c’est bien loin d’être vrai à notre époque.

Les détracteurs d’Apple tendent à oublier que si leurs entreprises préférées évoluent, c’est aussi le cas de leur ennemie jurée. Ainsi, vous pourrez voir qu’acheter un MacBook Pro vous reviendra exactement au même prix qu’acheter un HP, avec caractéristiques techniques égales. Oh ben tiens, comme c’est bizarre. Est-ce vrai ? Bien sûr ! Apple tend de plus en plus à toucher un public large et comme la technologie évolue, ils n’ont pas à baisser leurs prix, juste à attendre que leurs concurrents les rejoignent.

Quant aux jeux, je me marre. Bioshock, Assassin’s Creed, Rayman, Call Of Duty, Splinter Cell, Star Wars, League Of Legends, World Of Warcraft… Pour un système d’exploitation qui ne fait pas tourner les jeux, je trouve qu’il y en a quand même une sacrée liste… Et encore, je ne cite pas tout, sinon, j’en aurai pour des plombes.

Pour finir, l’argument de la gratuité. Je ne me fatiguerai pas à démontrer que c’est faux en brandissant l’étendard Maverick, c’est très récent et pour tout avouer, ça m’a un peu choquée de voir que ce nouvel OS n’était pas payant.

Je vais juste allègrement me foutre de la gueule de tous ceux qui disent ça. Parce que vous ne payez pas vos logiciels, OS, applications, accessoires, sur PC ? Ahahahaha. Nous sommes dans un monde capitaliste où le but d’une entreprise est la recherche du profit. La gratuité va à l’encontre même de l’existence de ces entreprises.

La technologie coûte cher. Peu importe son fabriquant, si on veut de la qualité, il faut y mettre le prix. C’est communément admis par tout le monde et Apple ne devrait pas faire figure d’exception.

Je préfère mac pour des raisons que j’ai déjà évoquées et je ne veux pas me répéter en disant encore une fois pourquoi. Ça ne fait pas de moi une idiote consumériste, ça ne fait pas de moi une arriérée, ça ne fait pas de moi une bobo.

 

[Lâchez-moi. Lâchez-nous.]


Envoyé de mon Macbook Blanc 2009 – OS X 10.6.8

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